En ouverture d’Immo, le congrès annuel de la FNAIM, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe est venu présenter sa vision pour le logement et l’immobilier.
Celui qui est encore maire du Havre, mais aussi officiellement candidat pour la présidentielle de 2027, a répondu aux questions de Loïc Cantin, président de la FNAIM. Et a dû expliquer aux professionnels de l’immobilier plusieurs dispositifs issus de son gouvernement, dont la loi Climat et Résilience et l’encadrement des loyers.
Un candidat en campagne devant la FNAIM
Candidat d’Horizons pour les prochaines élections présidentielles, le parti politique de centre-droit qu’il a fondé en 2021, Édouard Philippe est arrivé au congrès de la FNAIM, ce lundi 8 décembre, confiant.
Un marché qui reprend des couleurs malgré les inquiétudes
Malgré un contexte plutôt morose pour le secteur, la quatre-vingtième année de la fédération, foncée en 1946, s’annonce sur des augures plutôt positifs. « Nous en sommes à 930 000 ventes sur toute la France à fin octobre et l’on devrait dépasser les 950 000 d’ici la fin de l’année, ce qui signifie que le marché reprend des couleurs », s’est ému le président. Les signaux inquiétants, pourtant, ne manquent pas : « après la crise de l’immobilier vient la crise du logement. La crise du logement, c’est la difficulté d’avoir une offre locative de qualité, c’est 17 % des étudiants qui arrêtent leurs études parce qu’ils ne peuvent se loger, ou encore un taux de propriétaire qui baisse dans le pays », a annoncé Loïc Cantin.
On a fabriqué de la crise du logement
« Les gouvernements successifs essaient de résoudre cette crise mais il manque une politique claire vis-à-vis du logement. On a fabriqué, et on continue à fabriquer, de la crise du logement », a expliqué l’ancien Premier ministre, qui a aussitôt plaidé pour davantage de fluidité sur le marché du logement. Une proposition chaleureusement accueillie par les professionnels de l’immobilier. « Si l’on veut faire en sorte qu’il y ait plus de biens sur le marché, il faut que les propriétaires obtiennent une rentabilité. Et il faut qu’ils puissent récupérer leur bien dans des conditions qui lui permettent d’utiliser et de jouir de ce bien », a ajouté Édouard Philippe.
Mea culpa
« L’investisseur n’est aujourd’hui pas incité à investir dans l’immobilier, en raison de l’IFI, de l’absence de flat tax sur l’immobilier et des classements en logements indécents des logements les plus consommateurs en énergie », a regretté Loïc Cantin. « Il faut que je fasse ici acte de contrition, car la transformation de l’impôt sur la fortune en IFI, tout comme la loi Climat et Résilience [qui a entraîné l’obligation de rénovation des logements les plus énergivores], c’est moi », a précisé l’ancien Premier ministre. Pour la suppression de l’IFI, « ce sont des choses qui peuvent se faire », a assuré le candidat à la présidentielle. Sur la loi Climat et Résilience, Édouard Philippe a dû louvoyer pour convaincre. « Au moment où elle a été discutée, il y avait de bonnes intentions. On voulait construire moins cher et plus facilement. On voulait inciter les propriétaires à faire des travaux pour que ça ne soit pas nos concitoyens les plus fragiles qui aient à vivre dans les conditions les plus difficiles. Je reconnais que, si l’intention est bonne, le mécanisme adopté, lui, n’est pas adapté », a reconnu l’ancien Premier ministre, qui n’a « jamais compris pourquoi » le chauffage électrique était aussi mal noté dans les diagnostics de performance, et qui souhaite revenir sur cette décision.
Encadrement des loyers : un héritage qui divise
Reste, enfin, un autre héritage difficile à porter : l’encadrement des loyers, introduit par la loi Elan en 2018, à titre d’expérimentation. « Nous considérons que cette mesure n’est pas adaptée à la situation de tension locative que nous vivons », a souligné Loïc Cantin. « C’est la construction qui fait l’offre, si vous bloquez les prix, vous envoyez le mauvais message, vous empêchez les prix de faire ce à quoi ils servent, c’est-à-dire d’arbitrer entre l’offre et la demande », a abondé aussitôt Édouard Philippe, qui soutient, par contre, la possibilité pour le législateur de réaliser des expérimentations. « À certains endroits, où l’offre est très tendue, où la possibilité de construire est quasi nulle, cela peut être intéressant. Mais j’attends le retour d’expérience de ce dispositif, qui devrait être fait en novembre 2026 », a-t-il complété. Quelques mois, à peine, avant les prochaines élections présidentielles.




