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Crise du logement : dans les territoires, les maires à bout de souffle face à un modèle qui craque

Par Hadrien Le Roux

mer 10 décembre 2025

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Accueil Immobilier et économie Crise du logement : dans les territoires, les maires à bout de souffle face à un modèle qui craque

À quelques mois des municipales, le diagnostic est net : 53 % des Français affirment que le logement pèsera lourd dans leur vote. Sur le terrain, les maires présents au congrès de la FNAIM, plutôt de droite, constatent une crise profonde dont ils ne maîtrisent qu’une partie, le logement étant une compétence partagée entre communes, intercommunalités et État.

Les maires en première ligne

« Nous sommes en première ligne, mais sans les moyens d’agir », résume Franck Louvrier, maire (LR) de La Baule-Escoublac, ce mardi 9 décembre lors d’une plénière de la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM), intitulée « Loger les Français : les maires ont-ils les clés ? ». Sa ville, explique-t-il, « passe de 18 000 à 180 000 habitants l’été, avec 60 % de résidences secondaires et quasiment plus de foncier ». Derrière la carte postale, une pénurie aiguë : « Airbus, les Chantiers de l’Atlantique… la dynamique économique est là, mais nous n’avons pas assez de logements et on ne nous aide pas à en construire ». Pas question pour autant de « faire des tours » au sein d’un territoire qui n’en veut pas, assure-t-il.

Une pression réglementaire accrue

Dans d’autres communes attractives, la pression réglementaire s’ajoute aux tensions foncières. À Neuilly-sur-Seine, le maire (DVD) Jean-Christophe Fromentin décrit une ville « où il faudrait construire 8 000 logements sociaux pour atteindre les taux SRU. Cela coûterait 4 milliards d’euros : irréalisable ». L’élu dénonce une « vision dogmatique de la densification », alors que « les Français refusent les modèles hyper-minéraux comme la Défense ». Pour lui, il faut « repenser un aménagement du territoire qui ne pousse plus systématiquement vers les métropoles ».

Une politique du logement local

À Vitré, l’ancienne maire (LR) Isabelle Le Callennec, maintenant députée européenne, rappelle que la politique de l’habitat « se construit surtout à l’échelle intercommunale ». Territoire industriel, Vitré doit loger ses salariés, rénover son parc et remettre sur le marché les logements vacants. Mais l’élue insiste : « Les territoires sont différents. Il faut une stratégie nationale, mais avec de la liberté locale. Le problème, c’est que le cadre national change tout le temps, alors que le logement demande du temps ».

Choc de l’offre

Tous pointent une machine administrative devenue illisible : normes environnementales, ZAN, loi Climat & Résilience… « Les permis mettent des mois à sortir », regrette Isabelle Le Callennec, qui plaide pour un « choc de l’offre ». La fin du Pinel, sans alternative, a asséché l’investissement privé : « les institutionnels sont partis, et les bailleurs privés sont découragés », ajoute la députée européenne

Un new deal avec les promoteur et les financeurs

Jean-François Copé, maire de Meaux, voit dans la liberté locale et la défiscalisation un levier indispensable : « C’est de la dépense publique utile : ça ne coûte que si ça marche ». Il dénonce un État « absent du logement mais omniprésent dans le contrôle », et appelle à un « new deal avec les promoteurs et les financeurs ».
Au-delà des solutions techniques, Jean-Christophe Fromentin estime que la crise révèle « la fin d’un modèle urbano-centré ». L’urbanité, dit-il, « n’est plus le monopole des villes ». À l’heure où l’architecture numérique transforme les usages, « continuer à densifier à tout prix nous mène dans le mur ». Il invite à retrouver une philosophie de l’“habiter”, plus large que le simple “se loger”.

Derrière ces divergences, un constat commun : les maires n’ont plus la main, ils ont moins les clés qu’avant. « Ils sont libres de ce qu’on leur permet de faire », résume Loïc Cantin. . Entre normes, ZAN et finances locales instables, l’équation paraît insoluble. Pourtant, tous s’accordent : sans un cadre stabilisé et sans confiance restaurée entre l’État, les territoires et les acteurs privés, la crise du logement continuera de sévir.

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