L’intelligence artificielle fait muter le métier de l’agent immobilier. Rares sont désormais les annonces immobilières à ne pas avoir été rédigées sans l’aide d’une IA générative, encore plus rares sont les photos d’annonces qui ne sont pas passées par la case IA avant d’avoir été publiées. L’intelligence artificielle, meilleur ami ou fossoyeur de l’agent immobilier ?
C’était le sujet de discussion d’une conférence organisée dans le cadre du RENT, le salon de l’immobilier et des nouvelles technologies, qui s’est déroulé à Paris les 5 et 6 novembre 2025.
les agents immobiliers sont toujours là
« On nous a prédit plusieurs fois la fin des agents immobiliers. Lorsque les portails sont arrivés, lorsque les données de la direction générale des finances publiques a permis à tout un chacun de comparer les prix des transactions… Et pourtant, les agents immobiliers sont toujours là, même si leur rôle a muté », lance, ce mercredi 5 novembre, Vincent Pavanello, directeur de Real Estech et cofondateur de Mister IA, dans l’espace conférences plein à craquer du salon RENT 2025, à Paris. Le sujet de la conférence du jour attire du monde : comment l’IA réinvente l’immobilier ? À croire qu’ils sont nombreux, parmi les visiteurs, à se poser la question.
Place au conseiller augmenté
Place, grâce à l’Intelligence Artificielle, au conseiller augmenté, des conseillers formés qui peuvent anticiper les questions des prospects. « Ce qui est le plus utile, selon moi, et assez incroyable, c’est de pouvoir anticiper les demandes et les objections des clients. Je peux demander à une IA générative d’anticiper les vingt questions que l’on est susceptible de me poser lorsque je fais visiter un logement avec un DPE médiocre. Le conseiller immobilier peut même se former en quelques secondes à MaPrimeRénov’ avant un rendez-vous client pour répondre à ses attentes », s’enthousiasme encore Vincent Pavanello.
Savoir s’adapter
L’irruption de l’IA dans les métiers de l’immobilier n’inquiète pas davantage Cyrile Imsissen, membre du conseil de gérance d’Orpi France. « Nous avons toujours été à la pointe. Nous étions déjà sur le minitel », se remémore-t-il en souriant. « Nous préparons le virage IA depuis 2021. Nous nous sommes associés à Google pour intégrer nos données aux recherches. Notre moteur de recherche peut ainsi aller chercher les biens pertinents qui correspondent aux attentes des clients dans l’ensemble du réseau. On utilise également l’IA pour calculer un rendement sur un bien donné. Bref, l’IA, c’est déjà notre quotidien », assure ce routier de l’immobilier. « Ceux qui ont disparu lorsqu’internet est arrivé il y a vingt-cinq ans, ce sont ceux qui n’ont pas su s’adapter », prévient-il enfin.
La révolution de l’IA n’est pas neuve
« La révolution de l’IA n’est pas neuve », confirme, de son côté, Brice Cardi, président-directeur général de L’Adresse immobilier, « ce qui est nouveau, c’est la vitesse à laquelle se déploient ces nouveaux outils ». Selon lui, des solutions IA existent au sein des logiciels métiers des agences depuis une dizaine d’années, ce qui a amené, notamment à l’automatisation de certaines tâches. Depuis l’irruption de l’IA générative, ce qui a changé, donc, c’est la vitesse de déploiement de ces nouvelles solutions. Au risque, prévoit Brice Cardi, d’accélérer l’obsolescence des logiciels métiers. « Si vous mettez six mois à adopter une nouvelle technologie, le risque, c’est qu’elle soit immédiatement obsolète dès son déploiement », met en garde le professionnel. La nouveauté, pour l’Intelligence Artificielle, c’est que l’adaptation des nouveaux outils par la base, et non par le sommet des organisations. « L’adoption de l’IA, elle vient du terrain, et non des dirigeants. La conduite du changement vient du bas. C’est perturbant, mais c’est excitant de se faire pousser par le bas », prévoit Émilie Rouganne, directrice générale d’iProspect France, venue réagir à la suite des prises de parole de la table-ronde.
