Est-ce que l’avènement de l’Intelligence Artificielle remet en cause les portails immobiliers ? Comment les acquéreurs cherchent-ils leur nouveau logement à l’heure de l’IA générative ? Est-ce que ChatGPT peut remplacer un agent immobilier en allant chercher directement à la source les annonces des biens qui correspondent à la recherche des futurs acquéreurs ?
Une chose est sûre : rechercher un bien immobilier demain ne se fera pas comme hier. Les principaux portails de l’immobilier se sont collectivement posés la question, le 6 novembre dernier, lors du salon Real Estate & New Tech (RENT), du futur prévisible de la recherche immobilière.
Il va se passer quelque chose
Une chose est sûre, « il va se passer quelque chose », témoigne Baptiste Capron, directeur général de SeLoger. « Mais, entre une disruption totale et pas grand-chose, on ne sait pas », poursuit-il. Est-ce que l’Intelligence artificielle risque de modifier la recherche d’un bien immobilier ? De l’avis des quatre dirigeants de portails immobiliers (Aurélien Flament pour Real Estate Adevinta groupe leboncoin, David Benbassat, directeur général de Bien’ici, Stéphane Anfosso, directeur général de Figaro Classifieds et Baptiste Capron, donc, pour SeLoger), difficile, en l’état actuel, de répondre à cette question.
Baptiste Capron, par exemple, pense que l’arrivée de l’IA ne va pas bousculer, dans l’immédiat, la recherche d’un bien immobilier pour les ménages. « On ne déménage que quatre ou cinq fois dans une vie », veut croire le dirigeant. Et, selon lui, lorsqu’un futur acquéreur recherche un bien immobilier, il prend le temps de se renseigner, de scroller, de regarder le marché, de faire attention aux détails… En aucun cas de laisser cette recherche entre les mains d’une IA. « L’IA ne permettra jamais de définir clairement le bien que vous souhaitez acquérir. Il y a la réalité du terrain : un client n’achète pas ce qu’il aime, il achète ce qu’il peut. L’IA ne permet pas encore de lui apporter le bien qu’il souhaite dans son budget », abonde David Benbassat, de Bien’ici.
Les agents IA vont devenir des outils de la recherche immobilière
« Les agents IA vont devenir des outils de la recherche immobilière. Ce qui risque de se passer, c’est que nous, portails, nous allons payer ces agents pour figurer parmi les réponses pertinentes, comme nous avons payé pour être référencé par Google », lui répond Aurélien Flament, de leboncoin. Lui, en est persuadé : « un portail qui essaiera de remonter tout seul devant une recherche IA, ça risque d’être très compliqué pour lui. Nos plateformes ont vocation à accueillir l’IA de façon sereine ». Ou à être directement intégrées sur les interfaces d’IA générative, à l’image de Zillow, aux États-Unis, qui est disponible depuis ChatGPT depuis la mi-octobre 2025. « L’IA, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale », plaisante, pour sa part, Baptise Capron. Loin de ce qu’il appelle « l’effet communiqué de presse », le dirigeant de SeLoger voit cette irruption d’un acteur de l’immobilier comme Zillow dans l’IA comme un tir de semonce à destination de Google : « aujourd’hui, Zillow montre à Google qu’il peut se passer de lui, qu’il peut créer un nouveau canal client sans lui, mais, in fine, ChatGPT amène l’utilisateur sur le portail Zillow ».
Pas d’IA sans data
« Pas d’IA sans data », rappelle, de son côté, David Benbassat. En immobilier, les données brutes sont constituées par les photos des biens immobilier et leurs contenus. « Nous, notre métier, c’est d’ajouter de la méta-donnée pour rendre cette donné brute plus performante. C’est de raffiner la donnée, pour la rendre plus efficace », explique Aurélien Flament. L’IA ne serait donc rien sans les données des portails. « À nous de créer la meilleure expérience à partir des méta-données », résume David Benbassat.
La seule chose qu’on sait sur l’avenir de la recherche immobilière, c’est qu’on ne sait pas
Stéphane Anfonsso, lui, croit davantage à un changement radical de la recherche immobilière impliqué par l’intelligence artificielle. « Je m’inscris en faux par rapport à ce que vous dites, car il y a un quelque chose qu’on sous-estime dans l’IA, c’est l’empathie pour l’utilisateur qu’elles sont capables de montrer. L’IA comprend toutes les intentions de l’acquéreur si on prend le temps de lui expliquer, elle est en train de créer une nouvelle expérience client », s’enthousiasme le dirigeant de Figaro Classifieds. Aux côtés des géants des plateformes immobilières, Rémy Fabre, créateur de Zefir, une plateforme fondée sur l’IA qui aide les agents immobiliers à diffuser leurs contenus, intervient comme invité de dernière minute de cette table ronde. Il en est convaincu, la plateforme qu’il propose, pour laquelle il a levé 15M€, c’est l’avenir de la recherche immobilière. « C’est une expérience enrichie, nous accompagnons les acheteurs avec l’IA alors que la quasi totalité des agents immobiliers accompagnent les acquéreurs. Nous investissons un champ où il y a une demande mais peu d’offre », assure-t-il. Révolution ou continuité ? « La seule chose qu’on sait sur l’avenir de la recherche immobilière, c’est qu’on ne sait pas », résume, philosophe, David Benbassat.
